Actualités 28 août 2014

Le boom du maïs tire-t-il à sa fin?

3384d3f6ed1443ddfcfdb012c1cb655f

Certaines données économiques tendent à montrer que le prix élevé du maïs, qui perdure depuis 2008, pourrait bientôt baisser de façon significative.

Selon l’Université de l’Illinois, le boom de cinq ans du prix du maïs pourrait être affecté par trois changements importants. En d’autres mots, on pourrait avoir atteint le pic du prix du maïs. Si c’est le cas, la baisse de ce marché important pourrait avoir des conséquences importantes sur le secteur de l’élevage, de l’éthanol et même sur le prix des terres.

Les trois principaux débouchés du maïs montrent en effet des signes d’épuisement ou de déclin depuis quelques années. La hausse de la production de maïs, tant chez nos voisins du sud qu’ailleurs dans le monde, pourrait donc être un peu trop élevée par rapport à la demande.

Premièrement, le secteur américain de l’éthanol peine à écouler plus de carburant sur le marché américain à cause de la difficulté de vendre de l’essence qui contient plus que 10 % de biocarburant (E15 ou E85). Selon l’Université de l’Illinois, cette situation risque de freiner la production qui n’atteindra sans doute pas le volume prévu de 15 milliards de gallons en 2015.

L’analyse publiée le 27 juin dernier estime donc que l’utilisation du maïs pour l’éthanol aurait atteint un sommet en 2010-2011 ou en 2011-2012. Par ailleurs, l’exportation ne serait pas vraiment une option étant donné que l’éthanol brésilien est disponible à meilleur prix.

Deuxièmement, la demande du côté de l’alimentation animale et des usages résiduels est en déclin depuis 2007-08 aux États-Unis. Ce secteur a connu son apogée en 2004-05 avec une consommation de 6,1 milliards de boisseaux. En 2011-12, ce débouché représentait seulement 4,5 milliards de boisseaux. Le remplacement du grain par de la drêche d’éthanol explique en partie ce déclin. Le département américain de l’Agriculture (USDA) ne prévoit d’ailleurs pas de hausse notable de la consommation de maïs par les éleveurs cette année. Le seul facteur positif pour ce secteur pourrait provenir d’importations plus importantes de porcs de la part de la Chine. La demande interne de viande demeure plutôt stable.

Troisièmement, les exportations américaines de maïs sont à un creux historique. L’Université de l’Illinois souligne qu’on observe habituellement un volume d’exportations américaines de maïs qui oscille entre 1,8 et 2,4 milliards de boisseaux par année. Or, le pays a expédié seulement 1,5 milliard de boisseaux en 2011-12. On anticipe que le volume exporté en 2012-13 pourrait être le plus bas en 42 ans, avec seulement 700 millions de boisseaux. Cette situation s’explique notamment par le prix plus élevé du maïs américain et par le plus grand volume de production des pays concurrents. De fait, la récolte de maïs mondiale excluant les États-Unis est passée de 16 à 23 milliards de boisseaux depuis2004-05 à cette année, soit un bond de 44 %.

L’analyse universitaire indique par ailleurs qu’une baisse du prix du maïs devrait rendre le maïs américain plus concurrentiel et diminuer l’incitatif à produire davantage ailleurs dans le monde. Cependant, l’ajustement de la production et de la demande ne se fera pas immédiatement.

« De plus faibles revenus à la ferme peut entraîner une pression à la baisse sur le prix des terres, en particulier si les taux d’intérêt continuent à monter », prévient le communiqué de l’Université qui ajoute qu’il serait « prudent » de se préparer à un tel changement, même si une bonne surprise pour les producteurs de maïs n’est pas à exclure. Notons également qu’une mauvaise récolte cet automne pourrait changer la donne en diminuant l’offre.

Du maïs à moins de 200 $!

Au moment de publier cette nouvelle, le prix du contrat de décembre pour le maïs tombait sous la barre des 200 $ US la tonne. Il s’agissait là du plus bas prix depuis octobre 2010. Le marché semble miser sur un rendement normal à la récolte.