Actualités 1 octobre 2014

Des patenteux débrouillards (suite)

Deux systèmes d’épandage sophistiqués
Les 260 ha de terres cultivées par les Pelletier se retrouvent à deux endroits différents à Saint-Roch-des-Aulnaies. La moitié d’entre elles sont situées derrière le terrain, non loin des bâtiments de ferme. Le reste se trouve plus loin dans le village. Les patenteux ont élaboré deux systèmes qui leur permettent d’épandre leur lisier le plus économiquement possible tout en minimisant la compaction dans leurs champs.

Le lisier est assimilé aux champs près de la ferme par un système de tuyaux souterrains. Pour ce qui est des terres éloignées, il est transporté dans un immense réservoir à partir duquel le tracteur s’approvisionne.


 

Une voiture de pompage polyvalente

Les deux systèmes élaborés par les Pelletier partent à la voiture de pompage stationnée aux abords de la fosse à lisier. « Contrairement à la plupart des systèmes alimentés par la prise de force du tracteur, notre pompage s’effectue avec des moteurs électriques », note Dany Pelletier.

Avant le début de l’épandage, le lisier qui durcit à la surface dans la fosse doit être brassé. « Plusieurs personnes doivent mélanger le contenu de leur fosse à plusieurs endroits, explique Réal Pelletier. Nous, on n’a jamais besoin de bouger notre voiture. » Le véhicule conçu par les patenteux possède deux bras indépendants qui basculent dans la fosse à l’aide d’un moteur. Le premier est une pompe, alimentée par un moteur de 75 forces enfoui au fond de la fosse à l’endroit où les déjections sont liquides. Il aspire le fertilisant qui remonte dans la pompe avant d’être projeté par un canon sur la croûte à la surface.

« En crachant du lisier, le canon sectionne la surface croûtée en petits blocs », explique le sexagénaire. Le second bras, muni d’un moteur de 50 forces, est constitué d’une hélice qui brasse le lisier. En tournant sur elle-même, elle attire les blocs solides et les défait. « On peut ajuster sa profondeur, ajoute Réal Pelletier. On la place légèrement sous la surface pour optimiser l’opération. » L’hélice est également positionnée légèrement de côté pour former un tourbillon dans la fosse. En tournant sur lui-même, le lisier se brasse plus facilement. « On mélange le contenu en quatre ou cinq heures », précise le patenteux.


 

Transport souterrain

Une fois le lisier remué, les Pelletier doivent lubrifier avec de l’eau les quelque 1 300 pi de tuyaux qui partent de la fosse jusqu’aux champs. Pour ce faire, ils ont installé une pompe dans le minuscule étang adjacent à la fosse. « On humidifie les tuyaux avec de l’eau, expose Dany Pelletier. Si on pompait le lisier en partant, des bouchons se formeraient parce que c’est plus épais comme liquide. »

Lorsque les conduits sont bien humides, une valve connectée à un moteur de 7,5 forces assure la transition entre l’eau et le lisier. La valve s’avère essentielle, car elle évite que de l’air s’introduise dans les tuyaux pendant la transition d’une substance à l’autre. « L’air se comprime, donc lorsqu’il arrive dans une jonction ou qu’il y a une courbe dans les tuyaux, il peut faire briser certains conduits, observe Réal Pelletier. C’est le fameux coup de bélier, qui explique le bris des systèmes d’aqueducs. »

Afin d’assimiler le lisier de la fosse aux champs, les patenteux ont installé un autre moteur, de 125 forces, sur la voiture garée en bordure de la fosse. « Il nous fallait une pompe forte parce que les champs sont à 100 pi plus haut que la fosse », précise le patenteux. Cette pompe peut être manœuvrée à distance grâce à un moniteur. Il s’avère donc possible de contrôler le flux de lisier à partir des champs.

Au bout des conduits souterrains, les Pelletier fixent des tuyaux d’aluminium qui sont étendus dans les champs. Il suffit ensuite d’installer les tuyaux flexibles attachés à l’épandeur sur ces conduits d’aluminium. « On épand notre lisier sans trop compacter le sol en traînant une citerne à lisier, fait remarquer Réal Pelletier. Ça nous évite également de nombreux va-et-vient pour remplir le réservoir. »


 

Un épandeur modifié

Les Pelletier ont d’abord adapté un épandeur de compagnie qui servait à la production porcine pour la production laitière. « Le lisier de vache est beaucoup plus épais que celui de porc en raison de la paille qu’il contient », affirme Dany Pelletier. Les tuyaux du haut de l’outil, qui se déplie sur une largeur de 50 pi, ont été grossis et leurs courbes ont été modifiées afin qu’elles soient moins prononcées. « De cette façon, le liquide ne bloque pas », conclut Réal Pelletier.


 

Un réservoir au milieu des champs

L’épandage des champs éloignés de la ferme des Pelletier s’effectue différemment. « On a construit un réservoir de lisier qu’on dépose au champ, décrit Réal Pelletier. C’est ce réservoir qui sert à ravitailler la citerne de l’épandeur. » De cette façon, celui qui effectue le transport de la ferme aux champs n’a pas à attendre que le réservoir de l’épandeur soit vide avant de retourner faire un autre voyage. « Celui qui transporte le lisier remplit le réservoir déposé au champ et retourne à la ferme en chercher un autre voyage », précise le patenteux.

Le remplissage de la voiture, à la ferme, s’effectue aussi grâce au système de pompe décrit plus haut. Cette fois, un second réseau de tuyaux assimile le liquide de la fosse jusque dans l’allée, où il remplit la citerne par le toit.


 

Une niveleuse tout équipée

La niveleuse de la Ferme Pelletier et fils a subi de nombreuses modifications depuis sa création dans les années 1980. L’outil peut être manœuvré en mode manuel ou automatique. Deux cylindres fixés sur les roues arrière permettent d’ajuster manuellement la hauteur de la lame. « On se sert de ces cylindres quand on veut faire du travail rough, soutient Réal Pelletier. On les utilise quand on a une grosse quantité de terre à charrier ou une roche à déplacer, par exemple. »

Deux autres immenses cylindres permettent de faire basculer la lame de 45 degrés d’un côté ou de l’autre. « C’est assez unique que la lame puisse s’incliner autant », croit le patenteux. Deux roues en tandem, dont la hauteur est ajustée par des cylindres hydrauliques, ont été ajoutées de chaque côté de la niveleuse il y a deux ans. « Ça nous permet de travailler avec précision en utilisant un GPS, estime Réal Pelletier. La niveleuse travaille un peu comme une lame panier. » Ces roues en tandem restent droites même si la lame est inclinée d’un côté ou de l’autre grâce à un système de compensation d’huile.