Actualités 28 août 2014

Des drames se jouent (encore) dans les champs

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« Tu vis sur un stress. Tu dors mal. T’espères juste qu’un jour, tu vas retrouver la paix… »

Ce producteur anonyme a voulu dénoncer son voisin « transformateur de pot », il y a quelques années. Il a prévenu la Sûreté du Québec.

« Un soir, très tard, des fauteurs de trouble sont venus et ils ont défoncé la porte de ma grange, raconte le producteur. Ils ont coupé mes cadenas et ils sont repartis. Ils voulaient sans doute m’envoyer un message. »

S’il a accepté de rencontrer la Terre, chez lui, c’est à la seule condition que l’on ne dévoile pas son identité. « Et surtout pas de photo! », a-t-il insisté.

Le producteur d’une cinquantaine d’années l’admet sans détour : il ne cherche pas le trouble. Mais il est frustré de constater, du moins c’est sa perception, que les « planteux de pot » et les réseaux de revendeurs font la loi dans les campagnes et sèment la terreur chez bon nombre de producteurs agricoles et forestiers. On squatte leurs terres, le temps de faire pousser les plants de cannabis.

Il aimerait voir la police plus présente sur le terrain. « Quand il s’agit de parler de leurs récoltes de cannabis dans les champs, on les entend et on les voit dans les médias, constate-t-il. Après, on les voit beaucoup moins. On se sent alors seuls, isolés dans notre rang. »

Visiblement, il se sent vulnérable face à ces mariculteurs qui vont et qui viennent dans les champs – et même dans les bâtiments de ferme en apparence abandonnés – pour surveiller leur territoire.

« Ils savent très bien ce qu’ils font et ils connaissent ceux qui sont susceptibles de les dénoncer, se désole-t-il. Et ça marche, malheureusement. Si tu adoptes un profil bas, si tu fermes les yeux, si tu restes tranquille, tu ne seras pas importuné. Si, par contre, tu veux agir, tu risques des représailles. »

Pendant ce temps, son voisin « transformateur » mène un gros train de vie en cultivant non pas le maïs et les petites céréales, mais plutôt une plante riche en tétrahydrocannabinol (THC), une substance psychotrope.

« Je ne comprends pas, s’interroge-t-il à haute voix. C’est comme si tout le monde savait, mais pour des raisons que j’ignore, on aurait décidé de le laisser faire. Ce n’est guère rassurant ».

Ses champs à lui n’ont pas été contaminés par les plants de cannabis, du moins jusqu’à présent. Cela ne l’empêche pas de garder l’œil ouvert.

« S’il y a une chose à laquelle je tiens, ce sont mes terres, martèle-t-il. Mais si jamais je vois du pot dans mes champs, je vais me tenir debout. »

Puis il se ressaisit : « Je veux éviter qu’il y ait du brasse-camarade dans mon village pour une affaire de cannabis. Des fois, je me demande si on ne devrait pas en légaliser la culture et la consommation. »

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Lisez notre dossier complet dans La Terre de chez nous du 2 octobre prochain.