Actualités 28 août 2014

La traçabilité des fruits et légumes se déploie au Québec

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L’épisode des épinards contaminés par la bactérie E. coli aux États-Unis, ou plus récemment ceux contaminés par la salmonelle, laisse encore un goût amer dans la bouche de plusieurs décideurs.

Mais le réel coup d’envoi d’un système de traçabilité dans le domaine des fruits et légumes frais provient du géant Walmart. « Depuis le 1er janvier 2014, les Walmart en sol américain obligent leurs fournisseurs à utiliser un système de traçabilité qui permet un suivi rapide des caisses de fruits et légumes entre la chaîne d’approvisionnement », précise Abdenour Boukalfa, chargé de projets chez Agri-Traçabilité Québec. Non seulement cette décision touche directement les producteurs du Québec qui exportent en sol américain, mais Walmart pourrait également appliquer cette politique de traçabilité dans ses magasins situés de ce côté-ci de la frontière. Et la date n’est peut-être pas si éloignée. « Déjà, dans les entrepôts de certaines entreprises du Québec, on voit des fruits et légumes importés qui affichent des codes à barres assurant leur traçabilité », ajoute M. Boukalfa, qui, par un long regard perçant, semble sous-entendre que les producteurs d’ici ne devraient pas trop attendre avant de s’intéresser à la traçabilité…

Testé au Québec

La traçabilité des aliments frais ne se fera pas au hasard ni dans l’anarchie. Un comité canado-américain est récemment arrivé à un consensus à ce sujet, un concept nommé l’Initiative sur la traçabilité des fruits et légumes (ITFL ou PTI en anglais). « On sait qu’il s’agit d’un système de traçabilité par lot, qui identifie la palette ou la caisse et non pas le produit unitaire vendu au consommateur. On sait que la notion de lot n’est pas définie et laissée à la discrétion du producteur. On sait aussi que c’est sur une base volontaire. Finalement, on sait que le code à barres GS1 a été choisi », énumère Abdenour Boukalfa, qui était présent à Boucherville dans le cadre de la Semaine horticole, où il venait diffuser les résultats de 14 mois d’essai concernant les méthodes et équipements employés dans la traçabilité des fruits et légumes frais. Les tests effectués chez une quinzaine de producteurs québécois ont permis de conclure que les codes-barres imprimés sur les palettes et les boîtes de carton rigides (fraises, tomates, pommes de terre) ont offert d’excellentes performances, permettant de retracer les mouvements, les quantités de produits et l’origine du lot en près de 17 minutes, en moyenne. Un seul bémol concerne des problèmes de lecture avec les contenants souples pour pommes de terre. Agri-Traçabilité Québec n’a pas évalué le coût associé à ce système de traçabilité. « Pour les petits producteurs, ça risque de coûter très cher », avoue cependant M. Boukalfa.

Un élément distinctif aujourd’hui, obligatoire demain?

Le système de traçabilité représente pour l’instant un outil de démarcation. Certains producteurs sur place croyaient qu’ils n’en auraient pas besoin, mais Heather Gale, directrice du programme CanadaGAP, en a surpris plusieurs en mentionnant que la Loi sur la salubrité des aliments au Canada, qui devrait entrer en vigueur en 2015, pourrait imposer obligatoirement un système de traçabilité, notamment aux producteurs de fruits et légumes qui effectuent du commerce interprovincial ou international. Chose certaine, certains producteurs ont déjà emboîté le pas. « La traçabilité? Nous n’avons tout simplement pas le choix chez Veg Pro. La production et l’expédition possèdent un système complet de traçabilité. Nous faisons tout le nécessaire, mais les oiseaux passent au-dessus de nos champs! S’il arrivait un problème, nous saurons s’il provient de telle ligne de production ou de telle parcelle et nous pourrons retirer un lot précis et non toute la production », explique Sylvain Racette, vice-président, Ventes et marketing chez Veg Pro International, basée à Sherrington, au sud de Montréal.