Actualités 28 août 2014

Traquer le soya jusqu’au Japon

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TOKYO — Une délégation composée de sept producteurs québécois et d’un journaliste agricole, accompagnée de trois membres du personnel de Ceresco, un important exportateur de soya IP, ont pris place le 15 mars dernier sur le vol AC001, en direction du Japon.

L’objectif : découvrir où aboutit leur soya à identité préservée (IP) et comment il est transformé. Après 25 heures d’avion, d’escale et d’attente, le rideau se lève sur le pays du Soleil levant.

La poutine des Japonais

La première usine, appartenant à Yamada Foods, se spécialise dans la production de natto. L’entreprise accueille chaleureusement les visiteurs, mais personne ne peut franchir le portique de l’usine… sans enlever ses souliers! Légendaire propreté des Japonais oblige, chacun doit enfiler de petites pantoufles vertes! À l’intérieur, les agriculteurs québécois découvrent le procédé de fabrication du natto : leur soya est trempé, cuit à la vapeur et finalement fermenté pendant un certain temps avec la bactérie bacillus. Il en résulte des grains de soya entourés de filaments qui rappellent le fromage fondu sur une poutine. Là s’arrête toute comparaison, car le soya natto offre un goût assez fort et persistant en bouche. L’odeur de fermentation est aussi particulière… Certains agriculteurs ont grimacé… discrètement! Les jeunes Japonais en sont également moins friands, mais les plus vieux continuent de manger cet aliment qu’on dit très santé.

Des agriculteurs si fiers

La route des agriculteurs québécois se poursuit au nord de Tokyo vers l’usine de la fameuse sauce soya Kikkoman, laquelle commande un important tonnage de soya IP et de blé (eh oui, la sauce soya est conçue avec une forte proportion de blé!). Le groupe atteint ensuite les installations de la compagnie Marukome, qui produit du miso, une pâte fermentée, très salée, employée dans la soupe du déjeuner ou même sur la viande pendant la cuisson. Là-bas, surprise de taille pour les producteurs : l’un des conteneurs qui déversaient le soya dans l’usine provenait du… Québec! Un moment d’émotion, avec des agriculteurs si fiers de voir leurs grains livrés à destination. Idem pour les travailleurs d’usine, décidément honorés de recevoir en personne ceux qui ont cultivé la matière première qu’ils transforment. Les responsables d’usine remercient les producteurs québécois pour la qualité de leur soya IP tout en soulignant leur désir de maintenir « une longue relation forte entre chacun ». Difficile pour les agriculteurs de cacher leur euphorie : « Le gars de l’usine ouvre la porte du conteneur, il constate la qualité du soya et il sourit. Voir la satisfaction de l’acheteur, laisse-moi te dire que c’est quelque chose », commente sur le vif Daniel Dutilly, un producteur de Rougemont en Montérégie. « Moi, c’est de voir où ça va. On sait que c’est pour l’exportation, mais maintenant, on visualise précisément l’endroit où le soya qu’on cultive est livré », affirme quant à lui Xavier Limpens, de Richelieu. « C’est une production exigeante, le IP, et quand on voit l’usine, on comprend pourquoi il faut produire de la qualité. Tout est très précis et robotisé. On comprend pourquoi il y a tant de restrictions dans le soya IP », fait remarquer Alain Godin, de Sainte-Eulalie, au Centre-du-Québec. Dominique et Sylvie D’Aoust, un couple d’agriculteurs résidant au sud de Montréal, se disent impressionnés par les différentes façons de transformer le soya. Toujours sur le coup de l’émotion, et avant de quitter l’usine, les producteurs échangent une chaleureuse poignée de main avec le propriétaire de Ceresco et instigateur du voyage, Thierry Grippon.

Photos La Terre au Japon